Richard Green

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		Rencontre de Ferhat Abbas avec Messali Hadj le 20 mars 1944
		Le 14 mars 1944, Ferhat Abbas crée les Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) à Sétif. Le 20 mars 1944, Ferhat Abbas se rend à Ksar Chellala (ex. Reibell) et rencontre Messali Hadj en résidence surveillée. Cette rencontre va donner un élan formidable aux AML, avec l'organisation d'un congrès du 2 au 4 mars 1945 et la préparation des manifestations du 1er et du 8 Mai 1945. Le manuscrit publié ici est un rapport de l'administration coloniale sur cette rencontre des deux chefs politiques.

	Texte du document Dans l'archive ci-dessus, on peut lire ce qui suit: "L'Administration de la Commune Mixte de Chella à Monsieur le sous-Préfet Medez Objet: Passage à Reibell de Mr Ferhat Abbas Comme suite à nos communications téléphoniques d'hier, j'ai l'honneur de vous rendre de ce que Mr Ferhat Abbas, délégué financier de Sétif venant du département d'Oran, est arrivé via burdeau hier à 14h15. Ayant arrété sa voiture à l'entrée du village, il sést rendu par un chemin détourné, à l'hôtel Monerris où il a retrouvé Mr Messali Hadj. Ce dernier, assisté de Menaceri Mohamed chef du PPA à Reibell, l'a aussitôt conduit dans la chambre où il s'est entretenu longuement avec lui. Á 17h15, Mr Ferhat Abbas a quitté Reibell, avec l'intention, parraît-il, de se rendre à Alger. A noter que, interrogé par l'un de mes agents en civil, le chauffeur de Mr Ferhat Abbas a déclaré que son partron était un commerçant en mouloune (?) de Relizane, venu à Reibell pour affaire. Selon les renseignements que j'ai pu reccueillir , Mr Ferhat Abbas aurait l'intention de protester prochainement contre l'ordonance du 7 mars, qui ne satisferait en rien, prétend-il, les revendications des musulmans algériens. Il aurait élaboré un nouveau manifeste tendant à l'autonomie pure et simple de l'Algérie, manifeste qui aurait reçu notamment l'approbation de Brahimi Bachir, et qu'il serait venu précisément soumettre à Messali qui aurait donné son accord sans réserve. Mr Ferhat Abbas se proposerait d'exposer publiquement ses revendications à l'occasion de la prochaîne session des délégations financières. Il m'a été signalé en outre, qu'au cours de son voyage en Oranie, il aurait pris contact avec le cheikh rentekouk (?) chez qui il aurait passé une nuit. J'ajoute que son passage à Reibell n'a donné lieu à aucun incident. L'Administrateur". Fin du manuscrit. ___________________________________________________________________   Extraît d'un article de l'historien Ageron Charles-Robert. " Les troubles du nord-constantinois en mai 1945". In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°4, octobre 1984. pp. 23-38.   "Messali lui-même fut d'accord pour soutenir le mouvement des Amis du Manifeste et de la liberté (AML), créé par Abbâs à Sétif le 14 mars 1944. Messali expliqua à Abbâs qu'il ne faisait pas pour autant confiance en la France : « Elle ne cédera qu'à la force et ne donnera que ce qu'on lui arrachera ». De cette unanimité, ne s'excluaient que les communistes algériens. La propagande des AML fut, une incontestable réussite, surtout lorsque le PPA, après l'entrevue de Abbâs avec Messali le 23 décembre 1944 (probabelemnt 20 mars 1944), à Reibell, eut décidé de la prendre en mains. Le PPA, parti dissous, allait utiliser la tolérance administrative réservée aux AML, organisation qui ne fut pas déclarée régulièrement. Deux membres du PPA figuraient jusque dans le bureau central (de 12 personnes) des AML: Asselah et Mestoul. Enfin, dans de nombreux centres, les sections des AML étaient dirigées par des membres du PPA. Tout en s'infiltrant dans les AML et en se reconstituant derrière cette façade, le PPA manifestait clairement son opposition à l'idée d'une République algérienne fédérée à la République française. Depuis les premiers mois de 1945, les administrateurs des communes mixtes du Nord-Constantinois annonçaient des rumeurs de soulèvement généralisé préparé par le PPA clandestin et son organisation secrète para-militaire. Pour les autorités militaires, l'imminence d'un mouvement insurrectionnel paraissait un fait acquis. Les rapports des services de renseignements militaires se faisaient cha que mois plus alarmants. Celui daté d'avril 1945 répétait avec certitude: «A Sétif, de diverses sources, il est et demeure établi que le PPA est en train d'organiser l'insurrection générale ... Dans l'intérieur du pays, dans les douars qui jusqu'alors paraissaient calmes l'agitation va croissant... La jeunesse musulmane habilement manoeuvrée devient un instrument dange reux entre les mains des chefs de file aussi bien dans les agglomérations que dans les campagnes. Elle paraît décidée à livrer une lutte sans merci pour chasser " les sales français" ".